Postamour - 1. Éditorial post-estival.
Deux femmes glorieuses chantent pour un homme ; les mains en visière protégeant leurs yeux face aux sunlights, elles cherchent à repérer le leur, assis en bonne place ou en aparté parmi le public qu’elles fascinent. De ces hommes elles sont mortes. Ainsi, de femme en homme et d’homme en femmes, où les places sont interchangeables, de désastre humain en bagne de société, sous le mot clé "postamour", qui fédèrera l’index lié des articles correspondant à cette ligne éditoriale, seront recensés des événements particulièrement significatifs du temps catastrophique, l’avant et l’après, jusqu’au 11 septembre qui ne manque pas de parler. Quand notre fascination pour les USA finit en film Gore, l’Elysée en nursery des mêmes, la dette européenne éperdue de jouer le rôle de remplacement du sujet manquant, et la dèche française en long fleuve tranquille, alors les réalités sociales tuent la pensée, concluant l’ensemble des sublimes éditoriaux saisonniers proposés à l’amour des lecteurs par la RdR, où jamais il ne fut cédé sur la symbolique de l’effort gratuit en termes d’échange, ni sur la part maudite du don de la passion littéraire et critique, attribués par ses éditorialistes et auteurs. Tout a commencé par « Summer of Love », au mois de juillet 2011 ; « 1984 » clôt l’ensemble, informant la rentrée. Fin des vacances. Tenir bon jusqu’à l’année prochaine. 2012 sera l’année lucide du faux choix. Réversibilité de Machiavel.
*
On dit que le jeune producteur de vidéo et amateur de drogues dures Blake Fielder-Civil fut le Swing amour, fatal, d’Amy Winehouse qui l’épousa le 18 mai 2007. En vain ils se quittèrent dans un consentement mutuel pour pallier au progrès de la violence qui les unissait ; car dédoublée elle renforça son cours de part et d’autre.
On dit que John Fitzgerald Kennedy fut l’amant fugitif et pour raison d’État fatal à Marilyn Monroe, conviée publiquement pour dédier de sa voix l’hymne traditionnel des anniversaires heureux au président des États-Unis d’Amérique, le 19 mai 1962, à Madison Square Garden, New York, New York. Et bien sûr, l’hymne ici s’oppose en tous sens à l’hymen, et d’abord le don (qui ne répond pas à l’économie vénale des échanges).
Ils ne sont pas directement exécutifs de la mort qui a frappé ces femmes incandescentes et enfantines, imprévisibles, même si le show business et les médias les avaient rouées pour mieux les dominer par les trucs personnels du succès qu’elles étaient censées reproduire ; mais ils sont responsables de l’engrenage de la séduction sacrificielle et suicidaire des dernières icônes de l’esthétique de leur temps, telles qu’en ces femmes existentielles transformées en média ils purent à ce titre désirer les consommer. Faux admirateurs les conquérant de leurs attraits addictifs ou de leur pouvoir hors normes, quand de simples groupies auraient été vouées à assassiner leurs idoles pour se venger de l’indifférence ressentie. John Lennon était-il une femme ? Amy aurait pu être un homme, mais dans ce cas elle serait encore en vie, réalisatrice sensible et aigüe reconvertie au service d’autres interprètes, comme un Jacno (auquel la revue a dédié un hommage) sut si bien le faire.
Quelque fut le statut social, professionnel, la raison ou le moyen de tels hommes traçant ces artistes, ils apparaissent dans les vidéos trouvées sur le web. L’un dans l’ombre, l’autre d’abord caché puis en pleine lumière.
Marilyn est morte accompagnée, réduite au silence par l’assaut de ses médecins infirmiers et gouvernante soumis aux Kennedy, ou suicidée par accident largement visitée ensuite, dans sa villa de Brentwood, à Los Angeles, le 5 août 2005. À savoir la suite, on ne peut pas dire que sa mort porta bonheur aux puissants qui se crurent libérés de la délation qu’elle menaçait de faire à la Presse.
L’été fatal des plus belles femmes du monde a surgi pour notre proche contemporaine Amy Winehouse, fameuse compositrice hackeuse de la Soul interprétant le lyrisme de son Blues sous le règne d’une haute coiffure, qui procura toute la dignité érotique dont le monde soit encore capable au frémissement du textile de ses mini-robes, vibrant aux mouvements lyriques de leur belle insurgée qui arborait les bretelles visibles de ses soutien-gorges sans fioritures, rouge ou noir. Tatouée à l’effigie de ses meilleures copines, à l’image d’elle-même telle Betty Boop postmoderne. Ainsi identifiait-on le miroir narcissique du redoublement de sa singulière beauté de l’échec, hyper-fémininité des femmes cassées par la culture des hommes qui les portent aux nues, seraient-ils leur père déclaré publiquement attentif et a fortiori instruisant un devoir communautaire, dans un défi fulgurant de la mode que d’aucuns auraient cru impossible de nos jours. Glas-moureuse critique du public par le dévoilement fugitif de sa croupe seulement du côté de ses musiciens en scène. Ellipse érotique de la pornographie spectaculaire dans la quête sadique d’un public assoiffé de destruction ; elle a parfois donné des coups de poings à des fans au premier rang du public surchauffé.
En quelque sorte martyres délibérées de leur métier, l’une orpheline et l’autre oppressée par sa famille. Quant à Amy elle serait pourtant morte seule, d’on ne sait quoi et peut-être simplement d’un collapsus dû à un état de manque d’alcool, ou, épuisée de combattre ses démons aux conséquences irréversibles, de sa décision terminale de recourir au suicide, dans son domicile où son garde du corps la trouva, le 23 juillet 2011, à Londres. Même la voix brisée elle aurait pu poursuivre sa carrière en passant de la scène à la production musicale pour d’autres chanteurs, mais une armée entière vivait de ses dérèglements et de l’exhibitionnisme de son désarroi scandaleux à la Une. On n’imagine pas ses producteurs et managers sans recours aux assurances sur la vie de leur cheval de tête poussé aux limites de sa redite : la valeur comme entropie du succès de la perdante jusqu’à sa disparition — ou le casse du siècle comme la virtualisation boursière avec les produits dérivés jusqu’à la mort des sociétés.
Le 23 est le chiffre de la séduction du soleil par la lune dans une configuration numérologique de la philosophie et de la poésie chinoises ; il est d’autre part le code télégraphique signalant une rupture de ligne (wikipédia) ; enfin, il est attribué aux catastrophes entre autre par William S. Burroughs dans ses ouvrages entre 1960 et au début des années 1970, selon des récurrences cadrées par des numérologies et/ou des rituels occultes et/ou l’observation de la configuration annexe d’événements mortels individuels ou collectifs.
Qu’importe si l’été fut froid, torride, venté, sans air, ou pluvieux. Le signe de la violence impitoyable de l’été pourrait être qu’Amy JADE Winehouse éprouvée par son succès vécu comme un échec à force de le chanter, entropie, y atteignit la fin d’une vie entière à 27 ans un 23 juillet, double signe de la configuration fatale de la chanteuse populaire de musique actuelle. Et cela nous parle de notre environnement commun et de la société du divertissement après le théâtre et le cinéma modernes, morts publiées aux Unes pour cacher d’autres misérables de plus en plus nombreux, des masses, qui n’atteignent pas ce terme, faute que la société pût les intégrer ou les rendre démonstratifs à la vente, dans le sillage de l’horreur nucléaire et des guerres civiles néo-coloniales.
On pourrait même se demander si la chanteuse produite au dernier concert scandaleux de l’artiste, à Belgrade, en juin 2011, n’était pas fantoche : la plupart des tatouages familiers paraissait avoir disparu. Effet d’optique et spectacle organisé de la fin... Chanter sa perte en se reproduisant perdant instruit autant la destruction de la personnalité que les drogues requises et les dealers de paradis (tous paradis confondus, spectacle compris) et l’argent que cela produisait à qui profitait-il finalement ? Sinon aux producteurs au show biz et aux proches critiques de l’objet vivant du sacrifice, eux-mêmes. [1]
Article dédié à la méditation de Pacôme Thiellement sur le Club des 27, dans l’opus 529 de Rock & Folk (septembre 2011).
Certes, il faut en finir avec les étés mortifères, mais collectivement ; c’est-à-dire pas seulement les stars symboliques porteuses d’esthétique collective à ne pas rallier le Club des 27 dans la société post-esthétique, mais encore cette société elle-même, toutes classes et hors classe confondues de la population, autant captive que désespérée, égale à l’environnement qui les contient : pouvoir, lois, vecteurs, marchands et porteurs d’icônes — interdépendants au temps de la fermeture des plages par les algues vertes... qui tournent la page.
Surtout, ne pas pleurer la fin du recours rousseauiste à la nature. [2]
A. G. C.
Amy Performs Wake Up Alone At Shepherd’s Bush Empire (Londres, Automne 2007)
@ ILL3G4LL
(Si le contenu est informé inaccessible cliquez fort deux fois dans l’écran noir pour le révéler dans le site de Youtube).
(Si le contenu est informé inaccessible cliquez fort deux fois dans l’écran noir pour le révéler dans le site de Dailymotion)
Happy Birthday Mister President Joyeux Anniversaire Monsieur Le Président
Happy birthday to you Joyeux anniversaire à vous
Happy birthday to you Joyeux anniversaire à vous
Happy birthday Mister President Joyeux anniversaire Monsieur le Président
Happy birthday to you Joyeux anniversaire à vous
Thanks Mister President Merci Monsieur le Président
For all the things you’ve done Pour tout ce que vous avez fait
The battles that you’ve won Les batailles que vous avez gagnées
The way you deal with U. S steel La manière dont vous traitez avec l’Amérique [ de fer ]
And our problem by the ton Et nos tonnes de problèmes
We thank you so much Nous vous remercions beaucoup
Everybody, happy birthday Tout le monde, joyeux anniversaire
Paroles de la chanson Back To Black (Amy Winehouse)
{}
He left no time to regret
Kept his dick wet
With his same old safe bet
Me and my head high
And my tears dry
Get on without my guy
You went back to what you knew
So far removed from all that we went through
And I tread a troubled track
My odds are stacked
I’ll go back to black
We only said goodbye with words
I died a hundred times
You go back to her
And I go back to...
I go back to us
I love you much
It’s not enough
You love blow and I love puff
And life is like a pipe
And I’m a tiny penny rolling up the walls inside
We only said goodbye with words
I died a hundred times
You go back to her
And I go back to
We only said goodbye with words
I died a hundred times
You go back to her
And I go back to
Black, black, black, black, black, black, black,
I go back to
I go back to
We only said good-bye with words
I died a hundred times
You go back to her
And I go back to
We only said good-bye with words
I died a hundred times
You go back to her
And I go back to black
Le logo est un recadrage de l’illustration de l’article Un été fatal extraite du site www.champaka.be.
Le logo de survol est un recadrage de la photographie illustrant l’article Algues vertes : fermeture des plages publié le 10 août 2011 dans le site Plus belle ma terre.
L’information d’hommage à l’œuvre de Michael Stern Hart dans La RdR.
Notes
[1] Ndlr. après/after : Mitch Winehouse, le père de la chanteuse, ne put-il s’empêcher de confesser en substance, il faut le louer de ne pas parler avec une langue de bois, c’est un homme respectable, dans une interview récente donnée à l’agence AP, publiée et commentée en article dans le Wall Street Journal (!) du 14 septembre, où il informe également comment il put se battre physiquement contre un des dealers et des mafieux qui entouraient sa fille, « Amy left us in a very fortunate position as a family," said Mitch Winehouse, who worked as a London taxi driver. "Being a London taxi driver is a great thing, but I don’t have to do that for a living anymore. », autrement dit : il ne serait plus jamais chauffeur de taxi grâce à l’argent que sa fille lui avait laissé (ainsi qu’à sa mère) ; dans le même article, annonçant ses projets, il s’érige maintenant en expert et en censeur des publications posthumes de la musique de sa fille, alors qu’il admet ne pas avoir reconnu l’intérêt et l’importance de la musique de celle-ci quand elle était vivante — et en sorte que, peut-on déduire, il put néanmoins en vivre alors qu’elle vivait encore. À ce point du lègue permettant d’évaluer la richesse de la chanteuse et de ses producteurs il faut aussi compter le retour des assurances contre ses défaillances, la plus redevable étant probablement l’assurance-vie. Ainsi, parvenue au stade de ne plus pouvoir se produire publiquement comme objet de marché, sa ruine physique et sa disparition biologique ne furent pas l’accomplissement de la ruine de son système de production, bien au contraire — et ce que je vais dire est terrible — peut-être un aboutissement du système prédictible des thèmes de la chanteuse, délibérément organisé par ses producteurs en termes de prévention des risques gagée par la valeur équivalente réalisée.
POSTAMOUR : mot viatique n°1276 qui indexe les 10 articles de la ligne thématique du 29 août au 11 septembre, fédérée par l’éditorial "Des femmes qui chantent pour un homme", et clôturant le cycle bimensuel de l’été 2011 de La RdR (La Revue des Ressources). A. G. C.
Keyword # 1276 to index listing the 10 thematic articles published since August 29th till September 11th, framed by the editorial " Women who sing for a man ", which close the semimonthly set of the 2011 Summer in The RdR (La Revue des Ressources). A. G. C.
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